Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...
Dans le film québécois « Les mâles » (1971) de Gilles Carle (1929-2009), le réalisateur aborde le thème du triangle amoureux, version hippie. Un autre lieu et une autre époque, mais le même thème, dans le légendaire film de François Truffaut, « Jules et Jim » (1962).
« Je commence un film croyant qu'on s'amusera pour me rendre compte, en chemin, que finalement seule la tristesse le sauvera. »
« Les Mâles, ce n’est ni post-révolutionnaire, ni pré-révolutionnaire. C’est pour moi deux hommes parfaitement ridicules qui cherchent à se révolutionner eux-mêmes. (...) Je prends la banalité de la vie quotidienne et, ici, je dépayse cette banalité. »
Dans l’un comme dans l’autre film, une chanson nous reste en tête. Pour « Jules et Jim », c’est « Le tourbillon de la vie » que chante si joliment Jeanne Moreau et pour « Les mâles », c’est la chanson thématique du film, « Le temps est bon » qu’Isabelle Pierre interprète de sa voix belle et suave.
« Elle avait des bagues à chaque doigt,
Des tas de bracelets autour des poignets,
Et puis elle chantait avec une voix
Qui, sitôt, m'enjôla.
Elle avait des yeux, des yeux d'opale,
Qui me fascinaient, qui me fascinaient.
Y avait l'ovale de son visage pâle
De femme fatale qui m'fut fatale.
On s'est connus, on s'est reconnus,
On s'est perdus de vue, on s'est r'perdus d'vue
On s'est retrouvés, on s'est réchauffés,
Puis on s'est séparés.
Chacun pour soi est reparti.
Dans l'tourbillon de la vie
Je l'ai revue un soir, hàie, hàie, hàie
Ça fait déjà un fameux bail
(…) »
– Serge Rezvani (paroles et musique)
(« Georges Delerue est crédité pour la musique simplement car Rezvani ne sachant pas écrire la musique a dû demander à ce qu'on lui écrive la musique afin de pouvoir déposer la chanson à la SACEM... (Il l'explique dans un de ses livres) ». Pour plus d'infos: « Dans le tourbillon de Jeanne », Libération.fr, 20 décembre 2002)
« Le temps est bon, le ciel est bleu
J'ai deux amis qui sont aussi mes amoureux
Le temps est bon, le ciel est bleu
Nous n'avons rien à faire, rien que d'être heureux
Mon cœur est grand, grand, grand, grand comme le vent
Et je suis douce comme l’eau
Et je suis tendre, tendre, tendre, tendre pour mes amants
Je suis la fleur dans leurs cerveaux
(…) »