La métaphore de la porte
« La porte est un puissant symbole. Elle délimite un seuil entre l'intérieur et l'extérieur. Entre un monde matériel et un monde spirituel illusoirement séparé par la vie ordinaire. Apprendre à ouvrir la porte de soi-même, c'est toute la question de la recherche en éducation. Cette ouverture possible transforme la façon dont nous donnons du sens aux choses, aux êtres et aux situations. Elle remet en question le rapport entre l'observateur et l'objet de l'observation.
La fausse observation : porte blindée et porte entrebâillée
Imaginons une maison, notre maison, avec sa porte. Elle représente notre univers intérieur, nos systèmes d'attachement (religieux, politique, culturel, scientifique, sexuel, etc.).
La porte est blindée parce que nous ne pouvons supporter que nos systèmes d'attachement soient remis en question, puissent être "ouverts". Nous ne laissons personne y pénétrer, à moins que l'intrus soit des nôtres, de notre clan.
Dès lors la porte est fermée, à double tour, ce qui est habituel, car nous nous sentons ainsi en sécurité. Dans ce cas nous n'observons que ce qui est à l'intérieur de notre maison. Nous ne voyons que des objets que nous connaissons déjà. Même les fenêtres sont fermées. C'est le "déjà vu", le "déjà connu". A la limite nous ne savons plus ce que sont le jour et la nuit. Nous vivons sous la lumière artificielle.
Parfois, si nous sommes particulièrement disponibles et relationnels, nous entrebâillons la porte, peut-être parce que quelqu'un a frappé. Nous observons alors un coin de ciel, un petit bout de la maison d'à côté, une forme humaine qui passe devant la porte. Mais nous sommes toujours restés à l'intérieur de la maison, notre regard part de l'intérieur vers l'extérieur, avec une très grande prudence à l'égard de tout ce qui viendrait bouleverser notre ordre intérieur.
Ce type d'observation reproduit le désordre social par l'affirmation de la séparation dans le monde. »
– René Barbier, Krishnamurti, l'éducation et la connaissance de soi, Université de Paris 8, Sciences de l'éducation, Cours en ligne 2003-2004, p. 11-12
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