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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Calme mental

« En quoi consiste le calme du mental ? Quelque chose est en suspens, mais quoi ? Ce n'est pas un suspens de tout fonctionnement mental puisque le sujet reste éveillé, puisqu'il ne dort pas. Le mental fonctionne, il tourne. Simplement il tourne « rond », sans à-coups. Il y a arrêt de quelque chose, mais non pas du mental, seulement de ses à-coups, des irrégularités de son rythme. À quoi correspondent donc à ces à-coups ? Ils correspondent aux émotions.

(...)

C'est grâce à un oubli momentané de mes préoccupations personnelles que ce calme parfait s'est réalisé en moi; j'étais retiré en marge de toute circonstance pouvant concerner mon Ego. (...) J'avais laissé hors de mon mental toute image concernant ma vie personnelle. (...) C'est cette absence d'émotions qui conditionnait le fonctionnement sans à-coups de mon mental, et c'est ce fonctionnement qui conditionna le déclenchement soudain en moi de la conscience non dualiste de l'existence.

(...)

Ainsi détendu sans être endormi, mon mental est apte à recevoir sans bouger cette perception non dualiste de l'existence à laquelle il s'oppose d'habitude par ses agitations.

C'est comme un prisonnier habitant une prison dont la porte est construite pour s'ouvrir vers l'intérieur, et qui, d'habitude, pousse sur cette porte pour l'ouvrir; plus il pousse, moins la porte peut s'ouvrir; s'il cesse un instant de pousser, la porte s'ouvre d'elle-même. »

– Hubert Benoit, La doctrine suprême selon la pensée Zen, 4e édition, Paris: Le courrier du livre, 1967, p. 82-83