Pratique de la photographie
(À la manière de Doisneau)

« Il n'y avait aucune préméditation dans ma conduite. La lumière du matin me mettait en route, ce n'était pas raisonné. »

« Ah oui ! L'appareil photo. Il y en a tant et puis je ne le promène pas de façon ostentatoire, autour du cou comme une étiquette. Non, discret, effacé, je piétonne dans le troupeau. »

« Il faut oser se planter, être immobile non pas quelques minutes, non, carrément une heure ou deux. »

« Pour bien voir, il faut un minimum de concentration. »

« Voir, c'est parfois se construire avec les moyens du bord un petit théâtre et attendre les acteurs. »

« Attendre qui ? Je ne sais pas, mais j'attends. J'espère et quand on y croit très fort, c'est bien le diable s'ils ne finissent pas par venir. »

« La mise en scène s'improvise dans le fugitif. »

« Pour être lisible, une image doit prendre la forme d'un de ces signes utilisés depuis la nuit des temps par les prêtres et depuis peu par la signalisation routière. Tout cela vous paraît peut-être légèrement obscur. C'est une manoeuvre délibérée pour vous montrer combien la pratique de la photographie peut être délicate. »

« Je m'efforce de varier mes itinéraires, pour ne pas tomber dans le confort amollissant des habitudes. »

« La beauté pour être émouvante doit être éphémère. »

« Une molle promenade sans horaire ni but précis. Il y a des jours où tout marche à merveille. Les images surgissent de partout. Le spectacle est permanent. »

« L'envie irrésistible de faire une image est dictée par la recherche des éléments qui ont provoqué une émotion toute neuve. »

« Il est des jours où l'on ressent le simple fait de voir comme un véritable bonheur; on est léger, léger... Le souvenir de ces moments est ce que je possède de plus précieux. Peut-être à cause de leur rareté. »

– Robert Doisneau, Paris Doisneau, Paris : Flammarion, 2009, p. 5-7, 263, 343 et 393