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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

« N'y a-t-il que cela ? »

« La personne ordinaire considère sa vie comme marcher, dormir et manger, et elle demande : "N'y a-t-il que cela ?", et répond : "Non, il existe une existence "supérieure", une vie dans l'au-delà".

Je demandais : "N'y a-t-il que cela ?", et je répondais : "Non, il y a la vie quotidienne".

Cette idée m'abandonna, et je demeurai seul dans un vaste espace vide. Il n'y a aucune façon de décrire cette condition, sinon en la qualifiant de "naturelle"... Il n'y avait pas de besoin de contrôler quoi que ce soit, ni aucun manque de contrôle...

Je vis que la formule de Joshu : "Quand j'ai faim, je mange, et quand je suis fatigué, je dors" prenait une nouvelle dimension...

[Après-coup] persista l'impression de ne pas être entravé, de marcher à mon pas, de voir de mes propres yeux. La joie disparut, la paix disparut, laissant juste un sentiment naturel, ouvert. »

– Témoignage de Roger, extrait du livre de Philip Kapleau, Questions zen, Paris : Éditions du Seuil, 1992, p. 201, 203 et 215 (dernière phrase)

Commentaire de Philip Kapleau : « Si vous êtes pleinement absorbé dans ce que vous faites à chaque instant, comment se demander ce que cela signifie ? Le mystère de la vie se révèle en action, pas à la réflexion. »