« L'esprit ordinaire, c'est la voie » (koan zen)

« Joshu demanda : « Qu'est-ce que la voie ? » Nansen répondit : « L'esprit ordinaire, c'est la voie. »

« Il y a une puissante ironie dans cette réponse, car c'est précisément de cet esprit ordinaire, avec son cortège d'anxiétés, d'afflictions et de tracas, que Joshu tente de se libérer. »

« De même, si quelqu'un se laissait prendre par l'ironie de Nansen, il s'interrogerait sur la raison pour laquelle les bouddhistes zen passent tant d'heures en méditation, sur ce qui justifie un effort aussi long et aussi pénible. »

« Joshu fut d'ailleurs assez lent à apprécier l'ironie et même alors Nansen dut ajouter : « C'est comme l'espace vaste ». Cet espace vaste est le point de vue supérieur. Cependant, pour apprécier le koan, quelqu'un doit éviter de sauter au point de vue supérieur et demeurer fermement dans « l'esprit ordinaire, c'est la voie ».

« La seule façon d'apprécier vraiment la justesse de ce koan et d'en ressentir la force est d'éviter de faire le saut et de demeurer avec la réponse telle qu'elle est, exactement comme dans l'ironie où, pour en ressentir la force, l'on doit éviter de sauter à un autre niveau. Il y a un saut immense sans aucun mouvement et en fait sans aucun changement. Pénétrer un koan, c'est cela; c'est cela la nature de l'éveil. »

– Albert Low, Créer la conscience, Paris : Les Éditions du Relié, 2012, p. 372, 374, 387, 388 et 392