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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Être inaccessible

« Être inaccessible ne signifie en aucun cas se cacher ou faire des secrets.

Être inaccessible signifie que l'on touche le monde environnant avec sobriété. Tu ne manges pas cinq perdrix; une seule suffit. Tu ne t'exposes pas au pouvoir du vent si ça n'est pas indispensable. Tu n'utilises pas et ne presses pas les gens jusqu'à les réduire à la peau et aux pépins, particulièrement ceux que tu aimes.

N'être pas disponible signifie que tu évites délibérément de fatiguer toi-même et les autres. Cela signifie que tu n'es ni affamé ni désespéré comme ce pauvre diable qui croit qu'il ne mangera jamais plus et qui dévore tout ce qu'il peut, cinq perdrix !

Se faire du souci c'est devenir accessible. Une fois que tu es inquiet, tu t'accroches à n'importe quoi de manière désespérée, et une fois que tu t'accroches tu t'épuises et tu épuiseras inévitablement ce à quoi tu t'accroches. »

– Carlos Castaneda, Le voyage à Ixtlan : les leçons de don Juan, Paris : Gallimard, 1974, p. 104-105