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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Marguerite Yourcenar: L’un de ses grands romans

« L’Oeuvre au noir » (1968) est l’un de ses grands romans. Il est juste de dire que c'est le roman de la maturité. L'oeuvre est complexe et difficile, le sujet est fouillé, très documenté et l'écriture est admirable. Le personnage principal, Zénon, incarne d'une manière remarquable la sagesse, l'intelligence et l'anticonformisme. C'est un personnage très moderne. La fin n'est pas heureuse, mais le récit plonge ses ramifications dans une période trouble et fascinante de l'Histoire, soit celle du premier millénaire.

Source : Marguerite Yourcenar, Oeuvres romanesques, Paris : Gallimard, 1982