Passer au contenu principal

En vedette

Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Marguerite Yourcenar: Milieu social

« Marguerite de Crayencour sortait d'une vieille famille du nord de la France. Le berceau de cette famille semble avoir été Caestre, près de Cassel. Les ascendants de Michel de Crayencour s'étaient depuis plusieurs siècles enracinés à Bailleul, puis ses parents s'étaient fixés à Lille peu avant sa naissance. Son père, Michel-Charles, riche propriétaire, avait été longuement conseiller de préfecture, puis président du conseil de préfecture du Nord. Sa mère, Noémi Dufresne, avait pour père Amable Dufresne, président du tribunal de Lille, lui-même fils d'un notaire de Béthune. Fernande de Cartier de Marchienne sortait d'une ancienne famille originaire de Liège, établie au XVIIe siècle dans le Hainaut, dans la localité de ce nom. Son oncle, ou plus précisément le cousin germain de ses parents, à la fois du côté paternel et du côté maternel, Octave Pirmez, surnommé « le solitaire d'Acoz », fut l'un des essayistes marquants de la Belgique du XIXe siècle. »

– Marguerite Yourcenar, Oeuvres romanesques, Paris : Gallimard, 1982, p. XIII