Retour de pèlerinage
Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir aller à l’hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente.
Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu.
Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans les rues de Saint-Sauveur. Lorsqu’elle marchait à mes côtés, elle le faisait discrètement, comme mon ombre. C’était comme si je marchais auprès de moi-même, dans un état de bien-être intérieur. Lorsqu’on se promène et que l’on se sent bien, cet état si caractéristique… c’était ainsi que nous marchions l’une auprès de l’autre. J’avais le net sentiment qu’elle y était encore. Je la voyais très nettement. Je revois mon père assis sur l’un des bancs publics en face de l’église — il aimait tant regarder les passants. Je nous retrouve ensuite, écoutant un spectacle sur la place des festivités, et le plaisir qu’ils y prenaient.
Oui, le passé est le passé, mais parfois, par un effet de la magie du temps, le passé revient dans le présent. Et, sans leur présence physique, mes parents y étaient — par un autre effet de la présence, celle qui est invisible à l’œil. J’ai éprouvé parfois de la joie, un abandon ; la tristesse s’y mêlait, les larmes s’invitaient quelquefois. Dans l’ensemble, pourtant, c’était une expérience forte où la magie dominait tout. Au retour, toutefois, la réalité a percé cette bulle. Faut-il, à l’avenir, que j’attende un peu avant d’aller dans le monde, pour atterrir plus en douceur et me laisser bercer, flotter dans les airs encore un peu ? Peut-être un peu.
Chute brutale dans la réalité d’humains qui ne se laissent plus bercer par la magie, l’irréel, la lumière, la beauté, la joie. Enfin, ils ne sont pas tous aussi terre à terre, et ternis par les événements qui composent le quotidien des gens — les nouvelles semblent ne jamais être bonnes.
Rester pur, rester vibrant, rester romantique, se prémunir contre la désillusion, contre le désenchantement.
Et puis, passer plus de temps avec soi-même, et s’armer de patience envers nos compagnons humains.
Comme le disait Hubert Reeves, tout n’est pas foutu.
Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu.
Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans les rues de Saint-Sauveur. Lorsqu’elle marchait à mes côtés, elle le faisait discrètement, comme mon ombre. C’était comme si je marchais auprès de moi-même, dans un état de bien-être intérieur. Lorsqu’on se promène et que l’on se sent bien, cet état si caractéristique… c’était ainsi que nous marchions l’une auprès de l’autre. J’avais le net sentiment qu’elle y était encore. Je la voyais très nettement. Je revois mon père assis sur l’un des bancs publics en face de l’église — il aimait tant regarder les passants. Je nous retrouve ensuite, écoutant un spectacle sur la place des festivités, et le plaisir qu’ils y prenaient.
Oui, le passé est le passé, mais parfois, par un effet de la magie du temps, le passé revient dans le présent. Et, sans leur présence physique, mes parents y étaient — par un autre effet de la présence, celle qui est invisible à l’œil. J’ai éprouvé parfois de la joie, un abandon ; la tristesse s’y mêlait, les larmes s’invitaient quelquefois. Dans l’ensemble, pourtant, c’était une expérience forte où la magie dominait tout. Au retour, toutefois, la réalité a percé cette bulle. Faut-il, à l’avenir, que j’attende un peu avant d’aller dans le monde, pour atterrir plus en douceur et me laisser bercer, flotter dans les airs encore un peu ? Peut-être un peu.
Chute brutale dans la réalité d’humains qui ne se laissent plus bercer par la magie, l’irréel, la lumière, la beauté, la joie. Enfin, ils ne sont pas tous aussi terre à terre, et ternis par les événements qui composent le quotidien des gens — les nouvelles semblent ne jamais être bonnes.
Rester pur, rester vibrant, rester romantique, se prémunir contre la désillusion, contre le désenchantement.
Et puis, passer plus de temps avec soi-même, et s’armer de patience envers nos compagnons humains.
Comme le disait Hubert Reeves, tout n’est pas foutu.
