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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

La barque vide

Lin-tsi, un des grands maîtres du Zen, aimait raconter :

« Dans ma jeunesse, j'étais féru de canotage. J'avais une petite barque et je me promenais seul sur le lac. Une nuit, j'étais assis dans mon canot, les yeux clos, en train de méditer. Une barque vide qui dérivait vint heurter la mienne. Je crus que quelqu'un avait voulu m'accoster. La colère monta en moi, j'ouvris les yeux et m'apprêtais à invectiver celui qui m'avait abordé. Je vis alors que cette barque était vide. N'ayant personne sur qui déverser ma colère, je refermai les yeux et, dans le silence de la nuit, j'atteignis un certain point à l'intérieur de moi-même. C'est ainsi que cette barque vide me servit de révélation, de gourou. Et aujourd'hui encore, si quelqu'un sur un esquif m'aborde et m'insulte, je ris et me dis que sa barque aussi est vide. Je ferme les yeux et me retire à l'intérieur. »

– Lin-tsi, extrait puisé dans le livre de Michel Hulin, L'Inde des sages, Paris : Éditions du Félin, Philippe Lebaud, 2000, p. 210