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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Le Zen de Hui Neng (sixième patriarche)

« Hui Neng n'était pas quiétiste. Sa réaction n'était pas non plus activiste. Elle était cependant dynamique. Elle frayait un passage vers quelque chose de tout à fait original et neuf.

Il refusait de séparer la méditation comme moyen (dhyana) de l'illumination comme fin (prajna). Pour lui, elles étaient réellement inséparables et la discipline du Zen consistait à s'efforcer de réaliser l'intégration et l'unité de prajna et dhyana dans toutes les actions de l'intéressé, si extérieures, si banales et si insignifiantes qu'elles puissent être.

Pour Hui Neng, c'est toute la vie qui est le Zen. On ne pouvait pas trouver le Zen tout simplement en se détournant de la vie active pour s'absorber dans la méditation. Le Zen est la prise de conscience elle-même du dynamisme de la vie se vivant en nous et y étant consciente d'elle-même, comme d'une seule et même vie vivant en tous.

Selon Hui Neng, il n'y a rien à atteindre, et s'employer à trouver un « moyen » d'y parvenir n'est que se tromper soi-même. On « n'atteint » pas le Zen par une méditation essuyant un miroir, mais par l'oubli de soi dans le présent existentiel de la vie, telle qu'elle est concrètement. »

– Thomas Merton, Mystique et Zen, suivi de Journal d'Asie, traduit de l'anglais par C. Tunmer et Jean-Pierre Denis, Paris : Albin Michel, c1961, 1995, p. 40 et 45