La fausse communauté de la société de masse
(la masse dépersonnalisée)
« La société de masse est individualiste en ce sens qu'elle isole chaque sujet individuel de son voisin immédiat; car elle le réduit à une condition où il a des relations impersonnelles, purement formelles et abstraites avec d'autres individus considérés comme des objets. En dissolvant les liens plus intimes et plus personnels de la vie de famille et de petits groupes, tels que la ferme, la boutique de l'artisan, le village, la ville, le petit commerce, la société de masse isole l'individu de « l'autre », humain et concret, et elle le laisse seul et sans soutien en présence du sans-visage, du vide collectif, de la collectivité. Aussi, l'homme de masse se trouve être en relation non pas avec des êtres humains de chair et de sang, ayant la même liberté, la même responsabilité et les mêmes luttes que lui, mais avec des figures archétypes idéalisées : le président, le champion sportif, le chanteur de moins de vingt ans, l'homme de l'espace.
C'est en l'enfermant strictement dans les limites de sa propre non-existence individuelle que la société de masse intègre complètement l'individu dans la masse. »
– Thomas Merton, Mystique et Zen, suivi de Journal d'Asie, traduit de l'anglais par C. Tunmer et Jean-Pierre Denis, Paris : Albin Michel, c1961, 1995, p. 189
C'est en l'enfermant strictement dans les limites de sa propre non-existence individuelle que la société de masse intègre complètement l'individu dans la masse. »
– Thomas Merton, Mystique et Zen, suivi de Journal d'Asie, traduit de l'anglais par C. Tunmer et Jean-Pierre Denis, Paris : Albin Michel, c1961, 1995, p. 189