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Écrire, c’est écouter

« Je n’écris pas, c’est plutôt qu’il y a quelque chose en moi que je laisse écrire. Pour moi écrire, c’est écouter. J’écoute des voix silencieuses. Je ne vois rien quand j’écris. J’écoute… Je suis à l’écoute de forces obscures et floues, des forces intérieures, des sons émotionnels, en quelque sorte. (…) Quand j’écris, je n’intellectualise rien, je n’imagine rien... Bien sûr, des images m’apparaissent parfois mais je suis surtout à l’écoute des forces qui me dépassent et m’amènent à écrire. Le plus important est d’écouter. Écouter plutôt que regarder. Comprendre – tâcher de le faire – plutôt que d’expliquer. » – Jon Fosse, Écrire, c’est écouter : Entretiens avec Gabriel Dufay , L’Arche, 2023, p. 29 et 31

Philosopher à coups de marteau

« Philosopher à coups de marteau, c’était, pour Nietzsche, détruire ou « déconstruire » les fausses « idoles » – morale, religion… mais aussi philosophie, langage ou science ! Toutefois, ce n’était pas que cela. Le marteau en question renvoyait aussi à l’usage que les médecins de l’époque en faisaient : en tapotant à l’aide de leurs petits marteaux les ventres ballonnés des patients, ils entendaient résonner ce qu’ils avaient dans les tripes. Le marteau nietzschéen désigne donc, métaphoriquement, le fait de chercher dans des instincts, au fond du ventre, l’origine de croyances, de valeurs ou d’idées dont les hommes – ces « idéalistes » – aiment à croire qu’elles n’entretiennent aucun rapport avec ces instincts : chercher l’origine de la volonté de connaissance scientifique dans l’instinct de peur, ou celle de la morale chrétienne altruiste dans une constitution « intestinale » faible. »

– Charles Pépin, courrier des lecteurs, Philosophie Magazine, mensuel numéro 39, mai 2010, p. 6