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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Pourquoi nous ne savons plus vivre ?

Dans son livre, Matière à réflexion (Paris : Éditions Denoël, 1968), le philosophe Alan Watts fournit quelques réponses à cette question:

« La maladie de la civilisation, soit-elle occidentale ou orientale, c’est une surabondance verbale : nous confondons la prodigieuse facilité de la description avec l’événement lui-même, l’étiquette que l’on colle sur le monde pour le classer avec le monde tel qu’il est. »

« Une vie de plaisirs n’a de chance d’exister que si elle se fonde sur un certain ascétisme, et j’entends par là le temps et l’effort (…) »

« L’ennui, c’est qu’on identifie complètement le profit et l’argent et qu’on ignore le profit réel, qui est de vivre avec noblesse et élégance dans un entourage de beauté. »

« Timothy Leary voyait juste quand il affirmait que nous devrions sortir de nos esprits (les valeurs abstraites) pour entrer dans nos sens (les valeurs concrètes). »

« Ce que l’on n’arrive pas à aimer dans son assiette ne fut jamais aimé dans la cuisine ou à la ferme. »

« C’est dans la cuisine que nous entretenons le véritable amour de l’animal, de la plante et des diverses matières dont dépend notre vie. »

« Notre incapacité à accueillir le présent sensoriel et matériel fait que nous sommes plus heureux à l’idée des joies à venir que lorsqu’elles sont là à notre portée. L’euphorie de l’anticipation et de la course aux voluptés est telle qu’elle ne nous permet point de ralentir pour les apprécier lorsqu’elles sont là. Ainsi notre civilisation souffre de déception chronique – nous sommes une ribambelle redoutable de sales mômes en train de massacrer leurs jouets. »

« Si vous touchez et percevez le monde de façon matérielle, vous découvrirez qu’il n’y a jamais, que jamais il n’y a eu, et qu’il n’y aura jamais autre chose que le présent. »

« Pour connaître et pratiquer parfaitement un art, il faut acquérir, jusqu’au plus profond de soi-même, ce sentiment d’éternel présent – car c’est là que se trouve le secret de savoir « prendre le temps qu’il faut ». »

« Autre manière d’avaler la carte : préférer l’argent à la richesse. (…) Vous vous sentez tout à coup déprimé à l’idée de vous séparer d’une telle « richesse » – sans vous rendre compte que votre richesse se trouve maintenant dans votre sac à provisions et que vous allez l’emporter avec vous. »

« Tout homme qui agit avec compétence, en se donnant entièrement à l’instant présent, montre les gestes et l’attitude de celui qui accomplit un rite. »

Dans une émission de télévision réalisée en 1971 par David G. Grieve, « Alan Watts : Une conversation avec moi-même », le philosophe s’exprime sur divers sujets qui lui tiennent à cœur.