Passer au contenu principal

En vedette

Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Vivre est naître à chaque instant

« La naissance n'est pas un acte. C'est un processus. Le but de la vie est de naître d'une manière plénière et son drame est que la plupart d'entre nous meurent avant même d'être nés. Vivre est naître à chaque instant. La mort survient quand la naissance s'arrête. Physiologiquement, notre système cellulaire est un processus de naissance ininterrompue. Psychologiquement, beaucoup d'entre nous, arrivés à un certain point, cessent de naître. Certains sont totalement mort-nés, ils poursuivent une vie physiologique alors que mentalement leur désir serait le retour au sein de la mère, à la terre, aux ténèbres, à la mort. (...) Bien d'autres encore progressent sur le chemin de la vie, mais sans parvenir à trancher le cordon ombilical. Ils demeurent symbiotiquement reliés à la mère, au père, à la famille, à la race, à la position, à l'argent, aux dieux, etc. Jamais ils ne viennent au jour en tant que pleinement eux-mêmes, aussi ne parviennent-ils jamais à naître pleinement.

La réponse au problème de l'existence que représente une tentative de régression peut assumer diverses formes. Mais elles ont toutes en commun le fait qu'elles aboutissent à l'échec et la souffrance. »

– Erich Fromm, "Psychanalyse et Bouddhisme Zen", dans D.T. Suzuki, E. Fromm et R. DeMartino, Bouddhisme Zen et psychanalyse, Paris : PUF, 1971 (coll. Quadrige), p. 98-99