Zen et psychanalyse
(points de similitudes ou d'affinités)

« - Orientation éthique commune : le dépassement de l'avidité, que ce soit une avidité de biens matériels ou de gloire ou de tout autre objet de convoitise. (...) [D]ans la psychanalyse, l'avidité est conçue comme un phénomène pathologique qui apparaît chez l'individu dont les capacités d'activité et de création ne sont pas développées.

- Indépendance affirmée vis-à-vis de toute forme d'autorité : (...) Dans ces deux systèmes, un guide est nécessaire, un homme qui soit passé par l'expérience que le patient (ou le disciple) doit entreprendre sous sa direction. (...) Le maître Zen, et l'on peut en dire autant de l'analyste, connaît davantage et peut ainsi avoir un jugement certain, ce qui ne signifie pas le moins du monde qu'il impose ce jugement à son disciple. (...) [E]n dépit de tout le désir du maître de l'aider, c'est à lui de veiller sur lui-même. Personne d'entre nous ne peut sauver l'âme d'un autre. Il faut se sauver soi-même. Le seul rôle que le maître puisse jouer est celui d'un guide de montagne (...).

- Méthode d'« enseignement » : celle du Zen est d'acculer le disciple. Le koan lui interdit toute échappatoire intellectuelle. Le koan ressemble à une barrière qui empêche toute fuite éventuelle. (...) L'analyste doit écarter l'une après l'autre toute tentative de rationalisation, toute béquille, jusqu'au moment où le patient ne parviendra plus à se dérober et, forcé de percer à travers les fictions qui lui encombrent l'esprit, débouchera enfin dans l'expérience de la réalité, c'est-à-dire deviendra conscient de ce dont il n'état pas conscient auparavant. »

– Erich Fromm, "Psychanalyse et Bouddhisme Zen", dans D.T. Suzuki, E. Fromm et R. DeMartino, Bouddhisme Zen et psychanalyse, Paris : PUF, 1971 (coll. Quadrige), p. 138-142 (résumé et extraits)