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Sur les chemins de Sylvain Tesson

Pour qui souhaite découvrir l’écrivain Sylvain Tesson, je recommande Dans les forêts de Sibérie pour la solitude et la poésie du quotidien. C’est le livre que j’ai le plus aimé. J’ai aussi apprécié La Panthère des neiges , pour la contemplation et la beauté du monde sauvage. Si le Tibet vous attire et que vous aimez le travail de Vincent Munier, ce photographe qu’il accompagne, vous serez servi. À ne pas négliger : Sur les chemins noirs , un périple entrepris après un terrible accident, une réappropriation du territoire inexploité — ces fameux chemins noirs qui apparaissent sur les cartes, zones encore sauvages, que l’Homme n’a pas envahies. Il a eu beaucoup de courage pour se lancer dans cette traversée, parfois seul, parfois accompagné, sachant qu’il pouvait à tout instant faire une crise d’épilepsie. Son vocabulaire est riche, son écriture dense et poétique, et j’aime le regard qu’il jette sur le monde. Je ne dirais pas qu’il est désabusé, mais il se tient à l’écart. Et toujours, e...

Le non-agir taoïste

« La doctrine fondamentale du Taoïsme est le non-agir. C'est celle qui ressort des déclarations du Tao te king et des enseignements basés sur cet ouvrage.

Le Tao te king est le Livre du Tao et le Tao c'est, littéralement, la Voie, mais dans sa signification généralement acceptée par les Chinois, le Tao, c'est l'Être en Soi, analogue au Brahman du Védanta indien.

Cet ouvrage est attribué à Lao Tze, un personnage émergeant d'un voile épais de légendes et duquel, en fait, nous ne savons rien, sinon que les anciens auteurs chinois le mentionnent comme ayant vécu vers le VIe siècle avant J.-C.

(...)

Il n'est pas certain que Lao Tze ait innové en prêchant la doctrine du non-agir. Il semble que les Chinois ont toujours été portés à croire que le jeu naturel des choses réglait leur comportement, sans qu'aucun Pouvoir existant en dehors d'elles les régisse. Si l'homme s'immisce dans cet ordre naturel, s'il prétend y apporter des changements, des améliorations, il le trouble et il en résulte un désordre funeste.

Ceci étant admis en ce qui concerne le monde physique : la succession des saisons, les marées, les mouvements des astres, etc., les taoïstes étendent la même conception au plan mental. Il faut laisser demeurer l'esprit dans son état naturel, ne pas l'agiter par des conflits de pensées, par la confection d'idées, etc.

C'est en cela que consiste le non-agir taoïste. Il ne faut pas se laisser tromper par l'expression non-agir et s'imaginer que celui qui pratique le non-agir cesse toute activité matérielle apparente et demeure dans l'inertie. Il n'est point question de cela. Il vaque à ses occupations habituelles, à celles, intellectuelles ou matérielles, que comporte la situation dans laquelle il se trouve, mais son attitude d'esprit diffère de celle de l'homme qui croit diriger les événements qui l'intéressent ou ceux qui affectent le milieu dans lequel il se trouve. Il comprend qu'il ne dirige pas plus le cours de ceux-ci que les astres ne dirigent, consciemment, leurs révolutions ou que les saisons ne règlent leur cours. Il comprend qu'il participe à la Vie éternelle et inconcevable du Tao et que, comme l'Existence elle-même, il est éternel mouvement, sans agir. »

– Alexandra David-Néel, Immortalité et réincarnation. Doctrines et pratiques : Chine - Tibet - Inde, Monaco : Éditions du Rocher, c1978, 2000, p. 43, 45-46