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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

L'éternelle histoire de tous, l'inéluctable destin

« On dit : Ah ! si je n'étais pas parti, si je n'avais pas ouvert la main et laissé échapper ce qu'elle tenait, si je n'avais pas renoncé ! Eh! bien, si l'on n'était pas parti, les choses seraient parties, si l'on n'avait pas ouvert la main, ce que l'on y tenait serré, comme le sable fin des dunes, se serait échappé entre nos doigts vainement crispés. Si l'on n'avait pas renoncé, les autres, êtres ou choses, auraient renoncé à nous.

L'eau du torrent coule, coule, les mondes tournent, tout se meut, tout passe, tout se transforme; l'immobilité, la stabilité, sont rêves de fous....

Tout est impermanent. Il faut se résigner à cette loi ou bien passer au-delà d'elle, mais elle signifie passer au-delà du monde, au-delà de la vie et de la mort, au-delà de l'illusion du "Moi". »

– Alexandra David-Néel, Journal de voyage (t. 1) : Lettres à son mari, Paris : Librairie Plon, 1975, p. 385