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Le moment de la créativité

« Je partageais à l'époque les idées d'un très bon professeur du nom de Krishnamurti, né en Inde en 1895. Je n'en ai pas été particulièrement proche, mais il a donné des conférences dans le monde entier et il est l'auteur d'un grand nombre de livres, dont The First and the Last Freedom . Cet ouvrage publié juste avant sa mort, en 1986, explique que le moment de la créativité est toujours le moment présent. Si l'on était capable de comprendre que la créativité s'ouvre à nous à tout instant, l'expérience de ce phénomène serait un moment de réalisation authentique. Je n'ai jamais très bien compris cette idée, mais j'ai toujours senti qu'elle était d'une grande force. Je crois qu'il parlait de l'expérience spontanée de la vie. Même s'il n'a jamais été mon professeur – j'ai assisté à l'une de ses conférences et j'ai lu quelques-uns de ses livres – j'ai compris qu'il parlait d'un déploiement, d'un épa...

L’esprit mortifère

« L’esprit est le grand assassin du réel. »
maître tibétain

Commentaire d’Edgar Morin :

« Cette formule me semble très forte parce que je pense que l’esprit trahit toujours la réalité, la dénature, la transmute. C’est l’esprit qui nous sert à communiquer avec la réalité; mais en vérité, c’est ce qui nous empêche de la voir. Les idées trahissent ce qu’elles traitent, et, pourtant, nous en avons besoin. La formulation est forte parce qu’« assassin du réel », pour moi, c’est beau et c’est fort, cela va beaucoup plus loin que trahir la réalité : ça la tue. Je pense qu’il y a quelque chose de mortifère dans l’esprit. S’il se fait un système d’idées qu’il prend pour le monde, alors il mutile le monde sans savoir ce qu’il fait. »

– Edgar Morin, « L’Orient, notre refoulé : entretien avec Edgar Morin », dans L’Orient intérieur : la sagesse importée, sous la direction de Marc de Smedt, Paris : Éditions Autrement, 1985, p. 29-30