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Le moment de la créativité

« Je partageais à l'époque les idées d'un très bon professeur du nom de Krishnamurti, né en Inde en 1895. Je n'en ai pas été particulièrement proche, mais il a donné des conférences dans le monde entier et il est l'auteur d'un grand nombre de livres, dont The First and the Last Freedom . Cet ouvrage publié juste avant sa mort, en 1986, explique que le moment de la créativité est toujours le moment présent. Si l'on était capable de comprendre que la créativité s'ouvre à nous à tout instant, l'expérience de ce phénomène serait un moment de réalisation authentique. Je n'ai jamais très bien compris cette idée, mais j'ai toujours senti qu'elle était d'une grande force. Je crois qu'il parlait de l'expérience spontanée de la vie. Même s'il n'a jamais été mon professeur – j'ai assisté à l'une de ses conférences et j'ai lu quelques-uns de ses livres – j'ai compris qu'il parlait d'un déploiement, d'un épa...

Les quatre états d’esprit zen

« Les quatre états fondamentaux de l'esprit zen dans sa perception des instants sans but de la vie.

Sabi, c’est la solitude dans le sens bouddhique du détachement, la conception des choses selon laquelle elles s’accomplissent « d’elles-mêmes » dans une miraculeuse spontanéité. Il s’y mêle la sensation de quiétude profonde et infinie qui accompagne une chute de neige durable, engloutissant tous les bruits dans des couches répétées de douceur.

Neige fondue qui tombe;
Insondable, infinie
Solitude.


Wabi, c’est le fait de reconnaître soudainement la fidèle « naturalité » des choses très ordinaires, en particulier lorsque l’incertitude du futur a momentanément freiné notre ambition, c’est peut-être l’état d’esprit exprimé par :

Désolation de l’hiver;
Dans la cuve d’eau de pluie,
Les moineaux se promènent.


Aware n’est ni exactement chagrin, ni exactement nostalgie dans le sens d’aspiration au retour d’un passé bien-aimé. C’est le moment critique entre l’instant où l’on perçoit avec tristesse et regret le caractère transitoire du monde, et l’instant où il apparaît comme la vraie forme du Grand Vide :

Le torrent se cache
dans les herbes
De l’automne qui s’en va.

Les feuilles qui tombent
S’amoncellent les unes sur les autres;
La pluie cingle la pluie.


Yugen est une sorte de mystère, le plus délicat à expliquer, et seuls les poèmes peuvent le traduire :

La mer s’assombrit;
Les voix des canards sauvages
Sont légèrement blanches.

Dans le brouillard épais,
Que crie-t-on
Entre colline et navire?

Une truite saute;
Des nuages passent
Dans le lit du torrent. »

– Extrait du livre d’Alan Watts, Le bouddhisme zen, Éditions Payot, c1960, 1969, 1982, 1991, p. 205-207