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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

« Qui suis-je ? » (koan zen)

« Ne vous contentez pas de répéter la question machinalement. Lorsque vous mangez, demandez-vous : « Qui mange ? » Lorsque vous écoutez, demandez-vous : « Qui écoute ? » Lorsque vous voyez : « Qui voit ? » Lorsque vous marchez : « Qui marche ? »

« La question « Qui suis-je ? » vous oblige à prendre conscience de votre solidarité fondamentale avec l'univers. »

« Si vous vous demandez avec obstination « Qui suis-je ? », c'est-à-dire avec un désir sincère de vous connaître, vous comprendrez finalement la nature de l'Esprit. L'Esprit est plus que votre corps et plus que ce qu'on appelle ordinairement l'esprit. La connaissance intérieure de l'Esprit est la connaissance de votre unité avec l'univers. Cette conscience doit vous venir avec une telle certitude que vous vous écrirez involontairement : « Mais oui, bien sûr ! »

« Aucune autre pensée ne pénétrera votre esprit si votre interrogation est suffisamment intense. »

« Lorsque vous aurez acquis la soudaine connaissance intérieure de votre vraie nature, vous serez capable de répondre immédiatement, sans réfléchir. »

« Vous ne découvrirez pas une entité appelée « je ». Pourquoi alors poser la question? Parce que, dans votre état présent, vous ne pouvez vous en empêcher. Une personne ordinaire demande sans cesse : « Pourquoi ? » ou « Qu'est-ce que ? » ou « Qui ? »... L'objectif de la réponse du maître est d'ouvrir l'esprit abusé du moine pour qu'il comprenne que sa question est une abstraction... Il n'y a pas de vraie réponse à « Qui ? », « Qu'est-ce que ? » ou « Pourquoi ? » « Pourquoi le sucre est sucré ? » Le sucre est le sucre. Le sucre ! »

« Pourquoi se battre avec cette question ? Parce que votre compréhension vous est extérieure, vous ne savez pas vraiment ce que vous entendez par « Je suis moi »... Toutes vos idées, tous vos concepts intellectuels doivent être annihilés. La seule manière de répondre à la question est d'arriver à la compréhension intérieure que tout est [finalement réductible à] Rien. Si votre compréhension est seulement théorique, vous demanderez éternellement « Qui ? », « Quoi ? » et « Pourquoi ? »

« Votre vraie nature est au-delà de toutes les catégories. Tout ce que vous pouvez concevoir ou imaginer n'est qu'un fragment de vous-même, d'où il résulte que le Vous réel ne peut être trouvé par la déduction logique, l'analyse intellectuelle ou l'imagination. »

– Yasutani-roshi, extraits puisés dans le livre de Philip Kapleau, Les trois piliers du zen (textes rassemblés et présentés par P. Kapleau), Paris: Éditions Almora, 2016, p. 190, 195, 197, 200, 202-205