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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

La perception du temps

« Nous croyons à la réalité du temps, parce que nous attendons une modification de notre vie phénoménale capable de combler notre manque illusoire.

Plus nous ressentons la nostalgie d'un « devenir », plus douloureusement nous harcèle ce problème du temps. Nous nous reprochons de laisser fuir le temps, de ne pas savoir remplir ces journées qui passent.

À mesure que mon élan vers le « devenir » se subtilise en moi, devenant de plus en plus non-manifesté, ma perception du temps se modifie; en tant que manifesté dans ma vie anecdotique, le temps m'échappe de plus en plus et je le laisse m'échapper en y attachant de moins en moins d'importance; mes journées sont de moins en moins pleines de choses que je puisse dire, dont je me souvienne. Parallèlement, je sens diminuer mon impression de temps perdu; je me sens de moins en moins frustré par la marche inexorable de l'horloge.

Ici comme ailleurs, moins je me crispe pour saisir et plus je possède. Précisons pourtant qu'il ne s'agit pas là d'une possession positive du temps mais d'une diminution graduelle de l'impression poignante de ne pas le posséder. »

– Hubert Benoit, La doctrine suprême selon la pensée Zen, 4e édition, Paris : Le courrier du livre, 1967, p. 274