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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Agitation et lumière

« L'homme prétend généralement désirer le « bonheur » (...), mais en fait cette prétention est en désaccord avec le comportement de l'homme ordinaire; l'homme ordinaire ne vit pas pour être heureux, il ne tend pas à se procurer un « état » lumineux et immobile; il tend à se procurer un « état » avant tout vibrant et secondairement lumineux.

Il n'est pas étonnant que l'homme ordinaire ne parvienne pas au bonheur puisqu'il ne tend pas vers lui. Et le fait que sa préférence pour l'agitation l'emporte sur sa préférence pour la lumière fait comprendre que ses joies soient si précaires; quand il est joyeux, il attache plus de prix à l'agitation par laquelle il s'efforce vers encore plus de joie qu'il n'en attache à sa joie elle-même. Ceci se traduit par une revendication illimitée de joie qui finit toujours par trébucher sur les limites du plan temporel et pour amener l'effondrement de la joie.

Sa préférence primordiale pour l'agitation (...) engendre tous ses malheurs. C'est parce qu'il veut sans cesse sentir sa vie vibrer en lui, c'est-à-dire, dans la situation égotiste où il est encore, se sentir affirmé en tant que distinct, qu'il reste plongé dans les misères du dualisme et ses déchirantes contradictions. »

– Hubert Benoit, La doctrine suprême selon la pensée Zen, 4e édition, Paris: Le courrier du livre, 1967, p. 108-109