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Écrire, c’est écouter

« Je n’écris pas, c’est plutôt qu’il y a quelque chose en moi que je laisse écrire. Pour moi écrire, c’est écouter. J’écoute des voix silencieuses. Je ne vois rien quand j’écris. J’écoute… Je suis à l’écoute de forces obscures et floues, des forces intérieures, des sons émotionnels, en quelque sorte. (…) Quand j’écris, je n’intellectualise rien, je n’imagine rien... Bien sûr, des images m’apparaissent parfois mais je suis surtout à l’écoute des forces qui me dépassent et m’amènent à écrire. Le plus important est d’écouter. Écouter plutôt que regarder. Comprendre – tâcher de le faire – plutôt que d’expliquer. » – Jon Fosse, Écrire, c’est écouter : Entretiens avec Gabriel Dufay , L’Arche, 2023, p. 29 et 31

Le marché aux besoins des sociétés (Karl Polanyi)

« Polanyi affirme que le marché libre n'est en rien une tendance naturelle mais, comme l'écrit Louis Dumont en préface*, une « doctrine intolérante qui interdit à l'État d'intervenir ». Face aux instabilités et aux tensions qui naissent de son pouvoir dissolvant, les sociétés, même modernes et démocratiques, ne peuvent que réagir négativement, et spontanément prennent des mesures contraires. Car – l'idée est omniprésente chez Polanyi – l'économie est faite pour obéir aux besoins des sociétés, et non l'inverse : selon lui, l'idéologie libérale a eu le tort de « désencastrer » l'économie des rapports sociaux, pour faire du principe de libre concurrence (empruntée au darwinisme social) une sorte de religion. »

– extrait de l'article de Nicolas Journet, « Karl Polanyi : Le père de la socioéconomie », Les Grands Dossiers des Sciences Humaines : Les penseurs de la société de Tocqueville à Saskia Sassen, no. 30, Mars-avril-mai 2013, p. 30-31

* préface du livre le plus célèbre de Karl Polanyi, La Grande Transformation, 1944, Gallimard, 2009