Passer au contenu principal

En vedette

Sur les chemins de Sylvain Tesson

Pour qui souhaite découvrir l’écrivain Sylvain Tesson, je recommande Dans les forêts de Sibérie pour la solitude et la poésie du quotidien. C’est le livre que j’ai le plus aimé. J’ai aussi apprécié La Panthère des neiges , pour la contemplation et la beauté du monde sauvage. Si le Tibet vous attire et que vous aimez le travail de Vincent Munier, ce photographe qu’il accompagne, vous serez servi. À ne pas négliger : Sur les chemins noirs , un périple entrepris après un terrible accident, une réappropriation du territoire inexploité — ces fameux chemins noirs qui apparaissent sur les cartes, zones encore sauvages, que l’Homme n’a pas envahies. Il a eu beaucoup de courage pour se lancer dans cette traversée, parfois seul, parfois accompagné, sachant qu’il pouvait à tout instant faire une crise d’épilepsie. Son vocabulaire est riche, son écriture dense et poétique, et j’aime le regard qu’il jette sur le monde. Je ne dirais pas qu’il est désabusé, mais il se tient à l’écart. Et toujours, e...

Une société de travailleurs sans travail (Hannah Arendt)

« En hissant le travail au rang d'une activité proprement humaine*, l'âge moderne a fait de la croissance économique un credo et a précipité l'avènement de la société de consommation. Dès lors, la recherche de croissance n'a eu d'autre effet que d'accélérer le cycle de production et de destruction des biens périssables. Par ailleurs, l'automatisation due aux progrès techniques a peu à peu dégagé les individus de leur fardeau, sans proposer d'alternatives au travail. « Ce que nous avons devant nous, écrit Arendt, c'est la perspective d'une société de travailleurs sans travail, c'est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire**. »

– extrait de l'article de Céline Bagault, « Hannah Arendt : L'impasse de la modernité », Les Grands Dossiers des Sciences Humaines : Les penseurs de la société de Tocqueville à Saskia Sassen, no. 30, Mars-avril-mai 2013, p. 44-45

* Pour Arendt, la vie active se divise en trois activités : le travail, l'oeuvre et l'action.
« Seules l'oeuvre et l'action, qui participent à l'édification d'un monde commun, sont des activités spécifiquement humaines. L'oeuvre car elle crée des objets durables – des objets d'art, de culture, ou d'artisanat – qui ne se consomment pas. L'action politique car elle est l'art d'interrompre le cycle des générations, d'inventer des commencements, de faire l'histoire. » (ibid., p. 44)

** Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, 1958, rééd. Gallimard, 2012.