Passer au contenu principal

En vedette

Vivre sans pourquoi

J’ai lu un livre d’un philosophe que je ne connaissais pas, mais dont le titre m’a interpellée : Vivre sans pourquoi . Son auteur, Alexandre Jollien, est un philosophe français dont la quête de sagesse m’a touchée par son authenticité. Sa démarche, bien que parfois hésitante, boiteuse ou imparfaite, sonne juste. Je le ressens comme un être fragile, vulnérable, mais profondément vrai. Il aborde le zen avec une certaine sagesse, même si j’ai été un peu déçue par la manière dont il en parle : trop folklorique, trop superficielle, pas assez incarnée. Le zen, à mon sens, ne se dit pas — il se vit, ici et maintenant, dans le silence du quotidien. La lecture de Vivre sans pourquoi est fluide, accessible au grand public. Jollien y expose ses névroses, ses angoisses, ses questionnements, ainsi que ses tentatives pour créer du sens et nourrir la compassion. Ce dévoilement intime est sans doute dans l’air du temps, mais j’ai une réelle sympathie pour cet homme. Il écrit avec sincérité, et cela...

Frustration

Le Petit Robert (1993) définit la frustration comme étant l'« état d’une personne frustrée ou qui se refuse la satisfaction d’une demande pulsionnelle ».

Cette définition n'explique pas ce qu'est la frustration et le fait de la réduire au refus de satisfaire une demande pulsionnelle nous semble assez réducteur.

D'ailleurs, un ami l’a bien saisi, en nous écrivant ce qui suit : « Le fait d'avoir une pulsion est perçu comme une mine d'or, un chemin qu'il faut absolument suivre, car si l’on se le refuse, la frustration nous attend à coup sûr. »

Le phénomène de la frustration est à la fois plus complexe et plus simple que ce qu’en dit Le Petit Robert.

Généralement, nous avons en vue certaines fins personnelles et nous aimons à nous considérer comme le « centre de l’expérience » (à ne pas confondre avec l’égoïsme), mais notre manière d’être présent au monde n'épouse pas forcément ces fins. Soit elle ne nous centre pas suffisamment sur nous-mêmes, soit elle nous centre trop sur nous-mêmes. Dans un cas comme dans l’autre, cette situation engendre du déséquilibre et du mécontentement.

Lorsque notre présence au monde ne correspond pas à ce que nous envisageons ou à ce que nous idéalisons comme notre mode d’« être au monde », nous nous sentons trahis et nous ne sommes plus prêts à accueillir les expériences qui s’offrent à nous. Il en résulte des refus et des résistances qui nourrissent la frustration.

La frustration naît de cette dichotomie entre ce que la personne perçoit et la réalité. La personne frustrée se refuse à admettre que vivre ne se réduit pas à sa seule disposition à vouloir et à agir.

Chartrand Saint-Louis