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N'avoir rien à dire

L'écrivain québécois Yvon Rivard disait quelque chose qui m’a intriguée l’autre jour à la radio de Radio-Canada (« Il restera toujours la culture », 25 novembre 2025). Son mentor, le poète Guy Lafond, lui a donné un conseil essentiel: « Écris même si tu n’as rien à dire. » Et lui d’ajouter: « Et surtout si tu n’as rien à dire. Car si l’on a déjà tout pensé, et qu’on sait déjà ce qu’on va dire, on se demande pourquoi on écrirait. Parce que, quand on écrit, il y a une partie qui est la plus visible, surtout si l’on fait des romans ou si l’on écrit ses mémoires, ou quoi que ce soit: on revient sur ce qui a été vécu. Mais s’il n’y avait que cela, ce serait difficile de justifier qu’on passe des années à écrire ce qu’on connaît déjà. C’est que, dès l’instant où on l’écrit, on insère ce qui a été vécu dans quelque chose qui nous échappe, ce que moi j’appelle le temps, et qui donne une autre dimension à ce que l’on a vécu, et qui aussi, faut bien le dire, lui donne une forme. Si l’on rega...

Frustration

Le Petit Robert (1993) définit la frustration comme étant l'« état d’une personne frustrée ou qui se refuse la satisfaction d’une demande pulsionnelle ».

Cette définition n'explique pas ce qu'est la frustration et le fait de la réduire au refus de satisfaire une demande pulsionnelle nous semble assez réducteur.

D'ailleurs, un ami l’a bien saisi, en nous écrivant ce qui suit : « Le fait d'avoir une pulsion est perçu comme une mine d'or, un chemin qu'il faut absolument suivre, car si l’on se le refuse, la frustration nous attend à coup sûr. »

Le phénomène de la frustration est à la fois plus complexe et plus simple que ce qu’en dit Le Petit Robert.

Généralement, nous avons en vue certaines fins personnelles et nous aimons à nous considérer comme le « centre de l’expérience » (à ne pas confondre avec l’égoïsme), mais notre manière d’être présent au monde n'épouse pas forcément ces fins. Soit elle ne nous centre pas suffisamment sur nous-mêmes, soit elle nous centre trop sur nous-mêmes. Dans un cas comme dans l’autre, cette situation engendre du déséquilibre et du mécontentement.

Lorsque notre présence au monde ne correspond pas à ce que nous envisageons ou à ce que nous idéalisons comme notre mode d’« être au monde », nous nous sentons trahis et nous ne sommes plus prêts à accueillir les expériences qui s’offrent à nous. Il en résulte des refus et des résistances qui nourrissent la frustration.

La frustration naît de cette dichotomie entre ce que la personne perçoit et la réalité. La personne frustrée se refuse à admettre que vivre ne se réduit pas à sa seule disposition à vouloir et à agir.

Chartrand Saint-Louis