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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Habiter poétiquement le monde

« Ce matin, une abeille est venue tourner autour de mon bol de céréales. Ma première réaction a été de la chasser. Mais aussitôt je me ravisai ! Car il y a une autre façon de vivre cet instant. Il s'agirait de considérer cette abeille, non comme une intruse, mais plutôt comme un être qui m'accompagne dans l'existence. Tout comme le grand saule au-dessus de l'étang, les hirondelles sillonnant le ciel et le merle chantant sur une branche partagent avec moi la grande aventure de la vie. Des compagnons de voyage dans ce parcours qui est notre mystérieuse destinée. Ne serait-ce pas là ce que voudrait dire l'expression : « Habiter poétiquement le monde » ? »

– Hubert Reeves, La fureur de vivre, Paris : Seuil, 2020, p. 102