Qu'est-ce qui est blessé ? (image de soi)

« On est blessé psychologiquement par ses parents. Puis blessé à l'école, à l'université par la comparaison, la compétition... Constamment, au cours de notre vie, il y a ce processus de blessure. »

« Le fait d'être blessé est inscrit dans notre conscience, en partie ouvertement et en partie de façon cachée. Mais est-il possible de ne pas du tout être blessé ? Parce que cette blessure a pour conséquence de construire un mur autour de soi et de moins s'impliquer dans nos relations avec les autres pour ne plus être blessé. Dans tout cela, il y a la peur et un isolement progressif. »

« Qu'est-ce qui est blessé ? On dit que c'est « Je » qui est blessé. Qu'est-ce que ce « Je » ? Depuis l'enfance, on s'est forgé une image de soi-même. On a beaucoup, beaucoup d'images; non seulement l'image que les gens nous donnent, mais aussi les images que l'on a fabriquées... Ces images forment le coeur de nous-même; quand nous disons que nous sommes blessés, nous voulons dire que ce sont ces images qui sont blessées. Si l'on a une image de soi et qu'un autre vient nous dire : « Ne fais pas l'imbécile », on est blessé. »

« Est-il possible de n'avoir aucune image de soi ? Pourquoi a-t-on une image de soi ? ... Peut-on vivre sans une seule croyance et sans jamais avoir une image de soi ? C'est la véritable liberté. »

« [Soyez] totalement attentif à ce qui est dit parce que lorsqu'on a une image de soi et qu'on vous traite d'imbécile, on réagit instantanément. Comme la réaction est immédiate, soyez attentif à ce côté instantané de la réaction. C'est-à-dire, écoutez avec beaucoup de clarté cette suggestion que vous êtes un imbécile, écoutez-la très attentivement; quand on l'écoute avec une attention complète, il n'y a pas de réaction. C'est parce que l'on n'est pas profondément attentif que l'image se construit et qu'à partir de là on réagit. »

« Quand on est totalement attentif devant cette affirmation que l'on est un imbécile, elle n'a plus aucun sens. Parce que lorsqu'il y a attention, il n'y a pas un centre qui réagit. »

– Krishnamurti, La flamme de l'attention, Éditions du Rocher, 1987, p. 127-130