Le présent se vit (Marina Abramović)

« Marina Abramović, artiste performeuse, a érigé le silence en tant que forme artistique. Dans certains de ses travaux, elle garde simplement le silence. Elle utilise le silence comme un musicien utilise le son ou un peintre la peinture, pour exprimer ce qu'elle souhaite faire passer. »

« Du 14 mars au 31 mai 2010, elle est restée assise sept cent trente-six heures et demie au MoMA de New York et a regardé mille cinq cent quarante-cinq visiteurs droit dans les yeux sans que la moindre parole soit échangée. Sa performance portait le nom de The Artist is Present. »



« Le contraire du silence est, selon Abramović, un cerveau en ébullition. Qui travaille, pense. Si nous voulons trouver le calme, nous devons arrêter de penser. Ne rien faire. Le silence est un outil qui nous permet d'échapper au monde qui nous entoure. Quand nous y parvenons, c'est comme « une avalanche dans le cerveau », dit Abramović. »

« La première fois que Marina Abramović est partie dans le désert, elle a eu peur. Elle a fait l'expérience de l'opposé du silence, même s'il régnait un tel silence autour d'elle qu'elle entendait seulement le sang pulser dans ses veines. »

« Le chaos. C'est le mot qu'Abramović utilise pour décrire ce qu'elle a ressenti dans le désert. Malgré le silence régnant autour d'elle, sa tête était envahie de pensées de toutes sortes. Elle avait beaucoup de mal à trouver le calme, même au beau milieu du silence. C'était à qui, de ses pensées ou de ses souvenirs, réussirait à capter son attention. Elle avait l'impression d'une inanité (vide), alors que son but était de ressentir un vide plein, comme elle le dit. »

« Abramović raconte qu'elle essaie de se vider la tête en respirant lentement par le nez, pour maîtriser son souffle. « Tout est une question de respiration ». Grâce à elle, on peut atteindre son but, un vide absolu, un « silence de l'esprit ». »

– Extraits puisés dans le livre de Erling Kagge, Un peu de silence en cette ère si bruyante, Laval : Guy Saint-Jean Éditeur, 2017, p. 81-83