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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Le chant de la forge (Siegfried, Acte I)

« Mime ne réussissant pas à deviner qui pourra reforger Notung, Wotan le quitte en déclarant que seul celui qui ne connaît pas la peur y parviendra et que Mime périra de sa main. De retour, Siegfried demande à Mime s'il a pu forger l'épée. Devant l'incurie du nain, il se met lui-même au travail et entonne « le chant de la forge ». Pendant ce temps, Mime tente en vain de lui inculquer le sentiment de la peur. Siegfried a reforgé Notung : devant Mime terrorisé, il s'en sert pour fendre l'enclume en deux.

(...)

C'est lui qui va être capable de reforger l'épée Notung à partir des débris ramassés par Sieglinde. Il s'agit pour lui de reconstituer l'oeuvre dont l'unité a été détruite. Une fois Notung achevée, le forgeron-poète peut s'écrier : « Tu gisais en tronçons : je t'ai rendu à ton unité ! Nul coup ne te fera plus voler en éclats. » Wagner dira dans une lettre à Mathilde Maier (15 janvier 1863) que, dans son « Chant de la forge », Siegfried est « une espèce terrible d'artiste » dont le chant ressemble à une sorte de « lamentation majestueuse ».

Un air d'opéra autonome, puisque Siegfried est bien ici le compositeur de son chant. »

– Jean-Jacques Nattiez, Les récits cachés de Richard Wagner : art poétique, rêve et sexualité du Vaisseau fantôme à Parsifal, Montréal : Les Presses de l'Université de Montréal, 2018, p. 61 et 71