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Il ne suffit pas d’avoir une bonne plume pour être écrivain

Pour Amélie Nothomb, il ne suffit pas d’avoir une bonne plume pour être écrivain. Que faut-il alors ? Beaucoup de choses, dit-elle à la page 73 d’ Hygiène de l’assassin , son premier roman publié chez Albin Michel en 1992. Voici, en résumé, les éléments indispensables selon elle : La capacité de résistance à la mauvaise foi ambiante; La puissance de création; Faire de la parole un acte sensuel; Savoir se taire sur ce qui ne doit pas être dit (inutile d’attendre des explications : ce sont précisément des choses à ne pas dire); Le gueuloir intérieur : les mots hurlent d’eux-mêmes, il suffit de les écouter en soi; Écrire, c’est jouir. Les pages 73 à 79, où l’auteur se livre à un interrogatoire fascinant, approfondissent ces idées. Ce roman — fabuleux, soit dit en passant — offre les clés pour comprendre le talent singulier de cette écrivaine d’exception.

Du sens de l'absence de sens

« J'allais dire que c'est l'absence de sens qui donne un sens à la vie. En un sens, bien entendu, sous un premier rapport, la mort enlève le sens à la vie, puisque si je dois mourir et que c'est le néant – si j'admets le néant –, alors je ne vais nulle part. Donc, l'absence d'un au-delà fait déboucher ma vie sur le vide, sur le néant; d'où il s'ensuit que ma vie ne se fait dans aucune direction. Simplement, puis-je penser à mes enfants, à ma descendance ? C'est le seul espoir qui me reste.

Mais en un autre sens, au contraire, sous un autre rapport, inverse du premier, le fait de ne pas pouvoir dire où je vais, car je ne vais nulle part, en effet, fait que ma vie m'apparaît infiniment précieuse, qu'elle est miraculeuse, et profondément mystérieuse. »

– Vladimir Jankélévitch, Penser la mort ?, Éditions Liana Levi, 1994, p. 51-52