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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

L'expérience de l'échec

« L'homme qui a fait l'expérience originelle des situations-limites* est poussé du fond de lui-même à chercher à travers l'échec le chemin de l'être. La façon dont il fait cette expérience est pour lui décisive : il peut ignorer l'échec qui finalement causera sa défaite; ou bien il peut au contraire le contempler en face et le garder présent à son esprit comme la limite constante de sa vie; il peut recourir contre lui à des solutions et à des apaisements imaginaires, ou bien au contraire l'accepter loyalement en gardant le silence devant l'inexplicable. La manière dont l'homme fait l'expérience de l'échec détermine ce qu'il va devenir. »

— Karl Jaspers, Introduction à la philosophie, Paris : Librairie Plon, 1980, p. 21-22

* « Les situations-limites — mort, hasard, culpabilité, impossibilité de compter sur le monde — me révèlent mon échec. » (p. 21)