Passer au contenu principal

En vedette

Écrire, c’est écouter

« Je n’écris pas, c’est plutôt qu’il y a quelque chose en moi que je laisse écrire. Pour moi écrire, c’est écouter. J’écoute des voix silencieuses. Je ne vois rien quand j’écris. J’écoute… Je suis à l’écoute de forces obscures et floues, des forces intérieures, des sons émotionnels, en quelque sorte. (…) Quand j’écris, je n’intellectualise rien, je n’imagine rien... Bien sûr, des images m’apparaissent parfois mais je suis surtout à l’écoute des forces qui me dépassent et m’amènent à écrire. Le plus important est d’écouter. Écouter plutôt que regarder. Comprendre – tâcher de le faire – plutôt que d’expliquer. » – Jon Fosse, Écrire, c’est écouter : Entretiens avec Gabriel Dufay , L’Arche, 2023, p. 29 et 31

L'expérience de l'échec

« L'homme qui a fait l'expérience originelle des situations-limites* est poussé du fond de lui-même à chercher à travers l'échec le chemin de l'être. La façon dont il fait cette expérience est pour lui décisive : il peut ignorer l'échec qui finalement causera sa défaite; ou bien il peut au contraire le contempler en face et le garder présent à son esprit comme la limite constante de sa vie; il peut recourir contre lui à des solutions et à des apaisements imaginaires, ou bien au contraire l'accepter loyalement en gardant le silence devant l'inexplicable. La manière dont l'homme fait l'expérience de l'échec détermine ce qu'il va devenir. »

— Karl Jaspers, Introduction à la philosophie, Paris : Librairie Plon, 1980, p. 21-22

* « Les situations-limites — mort, hasard, culpabilité, impossibilité de compter sur le monde — me révèlent mon échec. » (p. 21)