Passer au contenu principal

En vedette

Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

Le grand eucalyptus



Photographie :
Eucalyptus Rubida, à Burra Creek près de la lagune, Burra, Nouvelle-Galles du Sud; 16 mai 2007; Auteur : Alexander110

Narration :
© 2024, Chartrand Saint-Louis

Musique :
© 2024, pièce de piano, titre : "Promenade musicale", par Chartrand Saint-Louis, 1:49 min.

Mixage, révision et sonorisation par Albert

Texte lu :

« C'était une matinée très froide. Le vent soufflait du nord et le grand eucalyptus – qui dominait tous les autres arbres, ainsi que les maisons – se balançait au vent, bien malgré lui. Il aimait les brises venant de la mer, car elles n'étaient pas trop violentes, et il prenait grand plaisir à la douce ondulation de sa propre beauté. Il était là tôt le matin, et il était là lorsque le soleil se couchait, captant la lumière du soir et en quelque sorte exprimant la certitude de la nature. Il donnait de l'assurance à tous les arbres, aux buissons et aux petites plantes. Ce devait être un très vieil arbre. Mais les hommes ne le regardaient pas. Ils le couperaient s'il le fallait, pour construire une maison et personne n'en ressentirait la perte, car dans ce pays les arbres ne sont pas respectés et la nature occupe fort peu de place, sauf peut-être en tant que décoration. Les villas magnifiques avaient dans leurs jardins des arbres qui mettaient en valeur les courbes gracieuses de leur architecture. Mais cet eucalyptus ne décorait aucune habitation. Il était là tout seul, splendidement tranquille, plein d'un mouvement silencieux... Il était là, une année après l'autre, et vivait dans sa dignité propre. »

– Krishnamurti, La révolution du silence, Éditions Stock, 1990, p 151-152