Silence bleu



« Il y avait d'immenses nuages; semblables à de grandes vagues blanches, et le ciel était serein et bleu. À des centaines de pieds au-dessous de nous il y avait la courbe bleue d'une large baie, et, plus loin, s'étendait le continent. C'était le soir, calme, glorieux, et à l'horizon se profilait la fumée d'un vapeur. Les bois d'orangers s'étendaient au pied de la montagne, et l'air était plein de leur parfum. Le soir devenait bleu; l'air lui-même était bleu, et les maisons blanches perdaient de leur éclat dans cette délicate couleur. Le bleu de la mer semblait déborder et se répandre sur la terre, et les montagnes elles aussi étaient d'un bleu transparent. C'était un paysage enchanté, et il se faisait un immense silence. Les bruits du soir semblaient appartenir à ce profond silence, et nous aussi nous faisions partie de ce silence. Ce silence rajeunissait toutes choses, lavait le coeur des choses de siècles de laideur et de peine; il vous purifiait les yeux, et l'esprit prenait part à ce silence. (...) La fin du jour était la mort de tous les hiers, et cette mort contenait une renaissance, sans la tristesse du passé. La vie était neuve dans l'immensité du silence. »

– Krishnamurti, Commentaires sur la vie : Qui êtes-vous ?, Intégrale, « La lucidité », préambule, J'ai lu, 2015, chapitre 41, p. 157

Montage, photographies et narration :
© 2022, Chartrand Saint-Louis

Musique :
© 2022, composition et arrangement, titre : "Silence bleu", par Albert, 2:16 min.

Mixage, révision et sonorisation par Albert