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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

L'ignorance-illusion

« Pourquoi le commencement de l'ignorance, en fait, le commencement de la ronde de l'existence, est-il déclaré inconnu et impossible à connaître ?

Le Bouddhisme répond : Les idées que nous pourrions concevoir au sujet d'un tel commencement seraient le fruit de raisonnements influencés par l'ignorance. Toutes nos idées, même celles que l'on dénomme abstraites, ont leur racine en des perceptions et des sensations dues à l'activité des sens (l'esprit comptant, chez les bouddhistes, pour sixième sens). Le pouvoir des sens, comme moyen de connaissance, est limité; il ne s'étend pas au-delà du domaine de la relativité et, par conséquent, les sens ne peuvent fournir que des données d'une exactitude toute relative. Les faits qu'ils saisissent ne sont exacts que pour l'homme immergé dans la « ronde des existences » constituée par l'ignorance, le désir et l'action.

Toutes les spéculations auxquelles les hommes se sont livrés au sujet d'une cause initiale du monde dont ils font partie, n'ont jamais été que des produits de leur esprit, nourri de ce qui existe dans ce monde. Elles se sont exercées, comme en un vase clos, dans le cercle de notre monde particulier dont les frontières infranchissables sont constituées par la limitation de nos moyens de perception physiques et intellectuels. »

– Alexandra David-Néel, Le Bouddhisme du Bouddha : Ses doctrines, ses méthodes et ses développements mahayanistes et tantriques au Tibet, édition augmentée et définitive, Éditions du Rocher, 1977, 1989, p. 206-207