Pratique de la photographie
(À notre manière)

« Attendre était une prière. Quelque chose venait. Et si rien ne venait, c'était que nous n'avions pas su regarder. »
– Sylvain Teson, La panthère des neiges, Paris : Gallimard, 2019, p. 139

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Nous partons en promenade plus qu'en quête d'images.

Notre terrain d'exploration, ce sont les Plaines d'Abraham, et particulièrement les sentiers de la nature.

Nous aimons flâner et marcher lentement, à pas feutrés, dans les sentiers. Nous savourons les éléments qui nous entourent : le vent, les craquements de branches, les chants d'oiseaux et les reflets de lumière.

Rien n'est jamais pareil, tout est en perpétuel changement dans la nature. La monotonie n'est pas présente dans nos itinéraires.

Il nous arrive de faire une pause sur notre banc favori dans le parc des Plaines (dénommé le "banc de méditation"). Ce temps d'arrêt favorise le recueillement, un calme propice à la découverte. Cette tranquillité intérieure affine le regard, maintient l'esprit en alerte, dispos à l'attention.

Nous partons généralement avec quelques sujets en tête, car nous réalisons des livres de photographies et des montages vidéos avec des photographies, mais il nous arrive bien souvent de nous promener pour le simple plaisir de la promenade, l'esprit libre et dégagé. Nous ne pensons alors à rien de particulier. Ces moments sont généralement porteurs de promesse de créativité.

Même si l'insolite, l'inédit et le pittoresque nous attirent, nous nous satisfaisons de l'ordinaire, de ce qui se présente à la vue. La nature, même dans les parcs urbains, est un spectacle pour les yeux. Toujours éblouissante, jamais banale, il est rare qu'elle n'ait rien à proposer.

Notre appareil photo n'est jamais loin, mais il n'est généralement pas dans la main ni suspendu autour du cou. Nous le retirons de l'étui lorsqu'un sujet attire notre regard. Nous n'aimons pas agir dans la précipitation, mais parfois, a-t-on réellement d'autres choix, il faut agir vite; les oiseaux sont facilement effarouchés, une variation de lumière ne dure jamais bien longtemps.

Si nous ne parvenons pas à saisir une occasion, nous ne nous désolons pas. Photographier la nature regorge de potentialités. Et puis, la patience est de mise en photographie. Il ne faut jamais presser le pas.

Nous regardons nos prises de vues sur l'ordinateur. C'est toujours agréable de découvrir les photographies sur un grand écran. Nous modifions rarement le cadrage. Nous faisons très peu de retouches (redressement, lumière, filtres).

Nous voyons des similitudes entre la spiritualité et la photographie, car toutes deux s'appuient sur certaines qualités d'être, certaines attitudes : un contact étroit avec son intériorité, une relation entre ce que l'on sent et ce que l'on voit, une attention à "ce qui est", à la réalité, une sensibilité à l'instant et à la fugacité de la vie.

Il est indéniable que l'on parvient par la pratique de la photographie à mieux à se connaître, à entrer plus facilement en relation, à se sentir interrelié avec la nature.

Chartrand Saint-Louis