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N'avoir rien à dire

L'écrivain québécois Yvon Rivard disait quelque chose qui m’a intriguée l’autre jour à la radio de Radio-Canada (« Il restera toujours la culture », 25 novembre 2025). Son mentor, le poète Guy Lafond, lui a donné un conseil essentiel: « Écris même si tu n’as rien à dire. » Et lui d’ajouter: « Et surtout si tu n’as rien à dire. Car si l’on a déjà tout pensé, et qu’on sait déjà ce qu’on va dire, on se demande pourquoi on écrirait. Parce que, quand on écrit, il y a une partie qui est la plus visible, surtout si l’on fait des romans ou si l’on écrit ses mémoires, ou quoi que ce soit: on revient sur ce qui a été vécu. Mais s’il n’y avait que cela, ce serait difficile de justifier qu’on passe des années à écrire ce qu’on connaît déjà. C’est que, dès l’instant où on l’écrit, on insère ce qui a été vécu dans quelque chose qui nous échappe, ce que moi j’appelle le temps, et qui donne une autre dimension à ce que l’on a vécu, et qui aussi, faut bien le dire, lui donne une forme. Si l’on rega...

Le dépassement des opposés

« Une autre forme sous laquelle s’exprime le Zen est la négation des opposés. L’important est de ne pas être « pris » dans l’une des « quatre propositions » suivantes : 1) « Cela est A »; 2) « Cela n’est pas A »; 3) « C’est à la fois A et non-A »; et 4) « Ce n’est ni A ni non-A ». Lorsque nous faisons une négation ou une assertion, nous sommes certains d’entrer dans l’une de ces formules logiques. Tant que l’intellect doit suivre l’ornière du dualisme, c’est inévitable. Mais le Zen estime que la vérité peut être atteinte lorsqu’elle n’est ni affirmée ni niée. Tel est bien le dilemme de la vie, mais les maîtres du Zen insistent toujours pour l’esquiver. »

– Daisetz Teitaro Suzuki, Essais sur le bouddhisme zen, séries I, II et III, traduits sous la direction de Jean Herbert, Paris : Albin Michel, 1972, p. 324-325