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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

L’impermanence

« Le caractère transitoire n’est déprimant qu’à l’esprit qui s’entête à vouloir « saisir », mais pour celui qui se laisse aller au gré du courant, comme une balle dans un torrent de montagne, pour employer une métaphore du bouddhisme zen, la notion de l’éphémère ou de la vacuité devient une sorte d’extase. C’est peut-être pourquoi aussi, en Orient comme en Occident, l’impermanence est si souvent le thème de la poésie la plus profonde et la plus émouvante, si profonde et si émouvante que la splendeur du changement transparaît même lorsque le poète semble le regretter le plus vivement :

Demain, demain et encore demain,
Jour après jour sournoisement se faufile,
Jusqu’au dernier jour du temps irréversible,
Et tous nos jours enfuis montrèrent aux insensés
Le chemin de la mort. Éteinte, cette brève chandelle!
La vie n’est qu’une ombre éphémère, un pauvre acteur
Qui s’agite un moment sur la scène du temps
Pour disparaître ensuite : c’est une fable
Contée par un idiot, plein de verve et de rage,
Et qui ne signifie rien. »

– Extrait du livre d’Alan Watts, Le bouddhisme zen, Éditions Payot, c1960, 1969, 1982, 1991, p. 56-57