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Sur les chemins de Sylvain Tesson

Pour qui souhaite découvrir l’écrivain Sylvain Tesson, je recommande Dans les forêts de Sibérie pour la solitude et la poésie du quotidien. C’est le livre que j’ai le plus aimé. J’ai aussi apprécié La Panthère des neiges , pour la contemplation et la beauté du monde sauvage. Si le Tibet vous attire et que vous aimez le travail de Vincent Munier, ce photographe qu’il accompagne, vous serez servi. À ne pas négliger : Sur les chemins noirs , un périple entrepris après un terrible accident, une réappropriation du territoire inexploité — ces fameux chemins noirs qui apparaissent sur les cartes, zones encore sauvages, que l’Homme n’a pas envahies. Il a eu beaucoup de courage pour se lancer dans cette traversée, parfois seul, parfois accompagné, sachant qu’il pouvait à tout instant faire une crise d’épilepsie. Son vocabulaire est riche, son écriture dense et poétique, et j’aime le regard qu’il jette sur le monde. Je ne dirais pas qu’il est désabusé, mais il se tient à l’écart. Et toujours, e...

L'homme inquiet (Henning Mankell)

La « série Kurt Wallander » prend fin* avec ce dernier roman de l'écrivain suédois Henning Mankell.

Dans ce récit, à l’exception du personnage de Hakan von Enke, l'homme inquiet n'est nul autre que l'inspecteur Kurt Wallander.

Âgé de 60 ans, souffrant d’embonpoint et de diabète, Wallander vit en retrait, à la campagne, avec son chien. En fin de carrière, il est plus seul que jamais. De jour en jour, la maladie d’Alzheimer se manifeste à lui par des blocs entiers de temps qui disparaissent. Inquiet, sans trop savoir ce qu’il lui arrive, il appréhende la fin.

Tour à tour apparaissent les femmes qui ont jalonné sa vie : sa fille Linda, très proche de lui, Karla, sa petite-fille qui vient de voir le jour, Mona, son ex-femme, qui se tue à l’alcool et Baiba de Riga (Lettonie), la femme qu’il a tant aimée, à présent atteinte d’un cancer incurable, qui lui rend une dernière visite. Les souvenirs surgissent, son chagrin est palpable.

Pour ce dernier rendez-vous*, Henning Mankell parsème son récit de rappels aux autres romans de la « série Kurt Wallander ». Références, entre autres, à : Le Guerrier solitaire (1999), Les Morts de la Saint-Jean (2001), Les Chiens de Riga (2003) et La Lionne blanche (2004).

L’intrigue policière, sur fond d’après-guerre froide, est assez bien ficelée, bien que le déploiement de l’intrigue soit très lent. L’intérêt demeure présent, puisqu’il s’agit à regret de la dernière enquête de l'inspecteur Wallander.

Roman policier agrémenté de réflexions sur la vie et les gens. Je cite quelques passages :

« Il y a un temps pour vivre et un temps pour mourir. »

« Cherche toujours la dissonance. »

« Voir sans voir. Ç’avait été la première mise en garde de Rydberg. Ne pas comprendre ce qu’on avait sous les yeux. »

« Une surface, c’est un truc sur lequel tu dérapes. Ça se vérifie presque toujours. »

« La première impression était toujours décisive. »

« Au cours de toute sa vie de policier, il s’était sans cesse vu rappeler que l’argent était la cause des pires crimes que les êtres humains étaient capables de commettre les uns envers les autres. Aucun thème ne se répétait aussi souvent, sous des formes aussi variées. »

« J’ai appris qu’il ne faut pas croire qu’on sait ce que pensent ou imaginent les autres. »

« La vérité est souvent à l’opposé de ce que l’on croit. »

« Derrière chaque individu, il y a quelqu’un d’autre. »

– Henning Mankell, L’homme inquiet : La dernière enquête de Wallander; traduit du suédois par Anna Gibson, Paris : Éditions du Seuil, 2010, 551 p.

* Ce n'est pas la fin de la « série Kurt Wallander », il y a un autre rendez-vous, lire ce billet sur le Nouveau Wallander.