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Retour de pèlerinage

Quel bien cela faisait de revenir dans les Laurentides sans devoir franchir les portes d’un hôpital, assister à des funérailles, ou vivre dans l’inquiétude de les savoir si malades. L’atmosphère était tout autre : empreinte de joie intérieure (car je les sentais si présents en moi, et bienveillants aussi) et de profonde détente. Saint-Sauveur et la rue principale ont conservé leur charme. La place devant l’église, l’église elle-même, le beau concert à l’église, la librairie ésotérique, les factoreries, les belles montagnes, les émotions fortes, les souvenirs ravivés, le temps suspendu… Tout me rappelait hier et le sentiment que tout n’était pas révolu. Dans l’autocar vers Saint-Jérôme, l’émotion m’a submergée à la vue de Bellefeuille. Tout s’est ravivé. Là où je marchais avec ma mère… j’étais présente, nous étions là… Lorsque j’ai vu la sortie d’autoroute… j’étais dans la voiture auprès d’elle, et j'éprouvais exactement ce que j’avais vécu à ce moment-là. Il en fut de même dans...

La cybernétique

« Nous sommes des naufragés sur une planète vouée à la mort. »
Norbert Wiener, fondateur de la cybernétique

La cybernétique fournit l’une des principales clés permettant de comprendre la nature des mutations technologiques et culturelles en cours puisqu'elle a joué un rôle de premier plan dans la constitution d’un « paradigme informationnel » qui a germé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Dès lors, nous sommes entrés dans « un monde sans frontières, tout entier voué à la communication et à l’échange d’informations (...). Un monde rendu plus rationnel par le contrôle et la gestion informationnels. Un monde peuplé d’êtres hybrides tels ces machines intelligentes, ces robots et cyborgs dont les médias annoncent chaque jour les nouveaux exploits. »

En niant l’héritage humaniste tout en promulguant une logique de désubjectivation, la cybernétique a ouvert une brèche profonde au cœur du principe d’humanité. Elle a rejeté les notions d’« autonomie subjective » et d’« intériorité subjective », présumant que « nous n’avons aucune expérience interne de la personnalité des autres ». La transformation radicale de la figure du sujet humain s'est opérée par la transformation de son rapport à la machine. En mettant l’accent sur les messages et les codes, la cybernétique en est venue à annuler les lignes de démarcation entre homme, ordinateur et environnement. Par l’extension de la notion de comportement, elle inclut la machine dans la catégorie universelle d’« être comportemental ». Cette conception a mené à une « ontologisation » de la machine.

- Céline Lafontaine, La société postmortelle : la mort, l’individu et le lien social à l’ère des technosciences, Paris : Éditions du Seuil, 2008 (résumé et extraits)

Le brillant essai de Céline Lafontaine permet de saisir tous les bouleversements qui affectent les sociétés modernes, dont la logique de désubjectivation et la négation de l’héritage humaniste. Comme le dit l’auteure, lorsque l’on prend conscience du lien traditionnellement établi en Occident entre la mémoire et la subjectivité, on se rend compte de l’ampleur du retournement philosophique induit par la cybernétique.

À lire aussi : Ronan Le Roux, "Cybernétique et société au XXIe siècle", Archive ouverte HAL, janvier 2014