Une mer sans havre

« J'ai cessé de croire qu'on choisit, qu'on dirige et qu'on mène sa vie d'après les plans qu'on fait. Les êtres sont des épaves qui voguent au gré des vagues sur une mer sans havre. S'agiter et prévoir, désirer et vouloir sont des actes de fous. Les sages voguent et dérivent selon le vent qu'il fait et s'amusent de noter les montées sur les crêtes dansantes et les descentes dans l'abîme glauque des flots. Tout cela est fantaisie, ombres écloses en rêve, mirage... »

– Alexandra David-Néel, Journal de voyage (t. 1) : Lettres à son mari, Paris : Librairie Plon, 1975, p. 347