Le Koan géant de la vie

« L’expression importante est « lâcher-prise ». En effet, si le Koan est un symbole miniaturisé du gigantesque Koan de la vie, le grand dilemme que tout homme tente de résoudre – si inconsciemment qu’il soit – il ne peut, tout comme la vie, être saisi. […] Ainsi, au moment où le disciple atteint le stade où le Koan esquive de façon catégorique toute tentative de vouloir-saisir, il prend conscience de l’impossibilité de saisir, de posséder et d’immobiliser la vie. Il lâche donc prise et ce lâcher-prise signifie l’acceptation de la vie en tant que vie, c’est-à-dire : insaisissable, libre, spontanée, et illimitée. Le Koan est une façon de présenter le problème essentiel de la vie sous une forme plus intense. L’impasse finale du Koan, c’est-à-dire son expression vivante, amplifie l’impasse à laquelle aboutissent inévitablement ceux dont le désir est de s’emparer d’une chose vivante dans le but de la garder et de soumettre sa vie à la leur. »

– Alan Watts, L’esprit du Zen, Paris, Éditions Dangles, 1976, p. 68