Digressions de Noël

« En ces jours que le commun des mortels appelle jours de fête... Pourquoi de fête pour les non-chrétiens qui ne croient pas au Sauveur et pourquoi pour les soi-disant chrétiens qui renient son enseignement, qui par leur vie, bafouent son exemple et le crucifieraient en toute hâte s'il s'avisait de revenir dans ses haillons de Bédouin avec son langage passionné de prophète rustique.

Combien nombreux ils ont été ceux qui, petits ou grands, géniaux ou naïfs, ont tenté de rassembler l'humanité misérable pour une vie plus haute ou plus douce et combien se sont fait tuer à cette tâche qui semble impossible et qui reste pourtant l'invincible tentation à laquelle cède, chaque jour, quelque âme hantée par le rêve éternel, le rêve fou, peut-être, qui fait les Christ et les Bouddha. »

– Alexandra David-Néel, Journal de voyage (t. 1) : Lettres à son mari, Lettre de Aydar, 25 décembre 1911, Paris : Librairie Plon, 1975, p. 77