Double procédé de méditation

« Lorsque l’on médite, l’on s’aperçoit que les idées jaillissent l’une de l’autre, en foule et avec une extrême rapidité. (…) La condition où l’on parvient, alors, ressemble à celle d’un homme qui, placé sur le bord d’une rivière regarde couler l’eau. L’esprit observateur et tranquille regarde ainsi passer le flot ininterrompu – comme l’eau d’une rivière, – des idées qui se pressent à la suite les unes des autres. (…)

En second lieu vient l’exercice consistant à laisser sans leur donner de forme, les idées qui surgissent. Quelle que soit l’idée qui se présente, il ne faut pas lui accorder d’attention, l’abandonnant à elle-même, sans se laisser influencer par elle, sans raisonner à son sujet, et, aussi, sans chercher à l’écarter. L’esprit ressemble ainsi au berger gardant un troupeau et il continue à méditer. (…)

En gardant l’esprit détendu, coulant comme l’eau paisible d’une rivière, la Réalité s’y reflète.

Et le Sage Saraha a résumé ce double procédé de méditation par les vers suivants :

Quand l’esprit est retenu lié, il s’efforce de vagabonder dans les dix directions.
Lorsqu’il est laissé libre, il demeure immobile.
J’ai compris qu’il était un animal contrariant, comme le chameau. »

– Alexandra David-Néel, Initiations lamaïques, Éditions Adyar, 1999, p. 247-249