Connaissance de soi

« Se connaitre c'est s'étudier en action, laquelle est relation. La difficulté est que nous sommes impatients. Nous voulons aller de l'avant, parvenir à un but, de sorte que nous ne trouvons ni le temps ni l'occasion de nous étudier, de nous observer. Par contre nous nous engageons dans toutes sortes d'activités. Nous sommes si absorbés par notre gagne-pain, des enfants à élever, des responsabilités dans différentes organisations, que nous n'avons guère le temps de réfléchir, d'observer, de nous étudier. Mais la responsabilité de nos actions nous incombe, nous ne pouvons pas la faire endosser à autrui. Cette habitude que l'on a, dans le monde entier, de s'appuyer sur des guides spirituels et sur leurs systèmes me semble être une activité creuse et complètement futile, car vous pouvez lire les ouvrages les plus anciens ou les plus récemment parus, et errer par toute la terre, il vous faudra faire retour à vous-mêmes. Et comme la plupart d'entre nous sont aveugles en ce qui les concerne, il est bien difficile de commencer même à voir clair dans le processus de notre pensée, de nos sentiments et de nos actions.

Plus l'on se connaît, plus il y a de clarté. La connaissance de soi n'a pas de limites; elle ne mène pas à un accomplissement, à une conclusion. C'est un fleuve sans fin. Plus on s'y plonge, plus grande est la paix que l'on y trouve. Ce n'est que lorsque l'esprit est tranquille grâce à la connaissance de soi (et non par l'imposition d'une disicipline) qu'en cette tranquillité, en ce silence, la réalité surgit. Alors seulement est la félicité, l'action créatrice. »

– Krishnamurti, La première et dernière liberté, Paris : Stock, 1954, p. 36-37