La gêne

« La gêne est un étrange défaut du centre de gravité : n'est capable de l'éprouver qu'une personne dont le noyau est demeuré flottant. Les êtres solidement centrés ne comprennent pas de quoi il s'agit. La gêne suppose une hypertrophie de la perception de l'autre, d'où la politesse des gens gênés, qui ne vivent qu'en fonction d'autrui. Le paradoxe de la gêne est qu'elle crée un malaise à partir de la déférence que l'autre inspire. »

– Amélie Nothomb, La nostalgie heureuse*, Paris : Albin Michel, 2013, p. 128

* Voir le documentaire qui relate ce qu'elle décrit dans La nostalgie heureuse : son récent séjour au Japon avec l'équipe de tournage de l'émission « Empreintes » de France 5 : Amélie Nothomb, une vie entre deux eaux.

Amélie Nothomb a écrit quatre romans sur le Japon : Métaphysique des tubes (sa toute petite enfance, son état végétatif, sa nounou), Ni d’Ève ni d’Adam (son fiancé, le sentiment amoureux), Stupeur et tremblements (sa terrifiante expérience dans l’entreprise japonaise, une armée en somme, dont on a fait une excellente adaptation au cinéma) et ce tout dernier roman, La nostalgie heureuse, récit de ce voyage sous un angle introspectif.