Université Inc.

« Lorsque l’élite parle d’éducation, elle parle en fait d’économie. Elle ne parle jamais de culture, encore moins d’enseignement. Son discours ne fait que ressasser une idée fixe : l’université doit marcher au pas de l’entreprise privée. » (Université inc., p. 14)

Pour alimenter sa réflexion sur l’université et sa mission fondamentale et comprendre les enjeux sous-jacents au mouvement de débrayage des étudiants, il faut lire cet ouvrage au titre éloquent : Université inc., d’Éric Martin et de Maxime Ouellet (Lux Éditeur, 2011).

Cet ouvrage s’attache à déconstruire d’une manière rigoureuse (arguments solides et données empiriques) huit mythes qui perdurent sur la hausse des frais de scolarité et l’économie du savoir, soit :

Mythe 1 : Il faut augmenter les frais de scolarité parce que les universités sont sous-financées;

Mythe 2 : La hausse des droits de scolarité ne réduit pas l’accès à l’université;

Mythe 3 : La hausse des frais de scolarité sera compensée par une augmentation de l’aide financière aux études et indexera ces frais à la valeur qu’ils avaient en 1968;

Mythe 4 : La modulation des frais de scolarité par discipline est plus équitable;

Mythe 5 : Il est juste d’augmenter les frais de scolarité parce qu’en investissant davantage dans leur « capital humain », les étudiants vont obtenir un meilleur salaire une fois sur le marché du travail;

Mythe 6 : Le bas prix des études universitaires diminue la valeur des diplômes;

Mythe 7 : Les dons privés ne menacent pas l’indépendance de l’université;

Mythe 8 : La commercialisation de la recherche universitaire va servir à financer le système universitaire.

Quatre textes sur le prix de l’ignorance bouclent admirablement bien cet ouvrage : « Une mentalité commerciale », par Guy Rocher; « Les jeunes paient le prix et c’est toute notre société qui s’appauvrit », par Lise Payette; « La marchandisation de l’éducation et le faux alibi de la pauvreté de l’État au Québec », par Omar Aktouf; « Droits de scolarité : une véritable ignominie », par Victor-Lévy Beaulieu.

À lire aussi : l'essai intitulé « Je ne suis pas une PME : plaidoyer pour une université publique » de Normand Baillargeon, professeur à la faculté des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Montréal (Montréal : Poètes de brousse, 2011), qui fait porter le débat sur l'intégrité académique et la dimension critique de l'enseignement et l'article de Pierre-Yves Guay, sociologue du développement économique et professeur à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, qui présente une analyse intéressante sur le financement de l’éducation des jeunes par leurs aînés: une question de solidarité sociale (Le Devoir.com, 8 mai 2012).

L’université transformée dans ses principes : quelques-unes des idées défendues par Normand Baillargeon dans son essai « Je ne suis pas une PME : plaidoyer pour une université publique » (Montréal : Poètes de Brousse, 2011)