Confort et Indifférence (Denys Arcand)

Le confort et l’indifférence : film documentaire réalisé en 1981 par Denys Arcand, un réalisateur québécois dont l'ensemble de l'oeuvre force le respect.

Ce film oppose les thèses des camps du « oui » et du « non » sur la question de la souveraineté-association au Québec lors du référendum de 1980. Les dessous de la sphère politique sont dévoilés et le tableau n'est pas reluisant.

Une scène particulièrement réussie du film en dit long sur ce que pense le réalisateur. Dans une série de plans courts se succédant à grande vitesse, le réalisateur se moque d'une manière particulièrement virulente des propos tenus par les adversaires des deux camps qui se hasardent à lancer des chiffres, plus éloignés les uns des autres, sur le coût probable de la séparation du Québec. Cette séquence est digne d’un grand vaudeville.

Par dérision, le réalisateur dirige sa caméra vers ce qui anime la foule, ce qui la nourrit et la distrait : les loisirs de masse (jeu de hasard, hockey, véhicule récréatif d’un goût douteux), les multiples possibilités de divertissement et l'expression du sentiment religieux (à titre d'illustration, l’assemblée du Renouveau charismatique au Stade olympique en 1979).

Après l'écoute de ce film, on ne peut qu'en arriver à cette conclusion : aucun projet d'autodétermination politique ne peut se concrétiser si la population générale est indifférente et n'en voit pas la nécessité, si seul importe le confort et que tout ce projet ne se résume qu'à une bataille de chiffres.

Les extraits tirés de l’ouvrage Le Prince de Machiavel sont tout à fait d’à-propos et Jean-Pierre Ronfard est exceptionnel dans le rôle de Machiavel.